Les origines
Antoni Gaudí i Cornet était descendant d’un marchand qui s’appelait Joan Gaudí, originaire de la province occitane de l’Auvergne, et qui s’établit dans notre région vers 1635. Malgré ses origines lointaines, ses ascendants les plus proches étaient majoritairement des chaudronniers. Son père, Francesc Gaudí, originaire de Riudoms, apprit le métier à Reus, ville où il se maria avec Antònia Cornet, fille d’un autre chaudronnier. Alors qu’il était déjà devenu un célèbre architecte, Gaudí lui-même expliqua qu’il avait le don de voir l’espace, de l’appréhender, parce qu’il était « fils, petit-fils et arrière-petit-fils de chaudronniers », en affirmant que la prédisposition pour la vision de la plastique était propre de ceux originaires de la région du Camp de Tarragone. Un territoire – le sien, le nôtre – caractérisé par la luminosité de son atmosphère, la diversité de ses paysages et la présence de la Méditerranée (une mer que Gaudí considérait comme « le berceau de l’Art »). À l’âge adulte, les éléments locaux, autochtones, de la nature, et ses habiletés personnelles, intimes, qui lui ont été transmises de génération en génération, ont été assimilées et synthétisées pour être utilisées de manière indissociable dans son œuvre créative. Ses réflexions écrites sur la maison familiale, « la petite nation de la famille », démontrent l’importance que le noyau familial avait pour Gaudí, comme élément essentiel de sa conception « nationale » de la société humaine.
Son adolescence et son éducation à Reus
L’enfance et l’adolescence de Gaudí ont coïncidé avec une période de changements idéologiques, de conflits politiques et de crise sociale. Le manque de stabilité des gouvernements d’Élisabeth II laissa la place à la révolution « Glorieuse » de 1868 et à la succession des régimes ultérieurs, après l’assassinat du général Prim : le royaume d’Amadeu 1er (1871-1873), la 1ère République (1873-1874) et la Restauration des Bourbons (à partir de 1874). Cette conjoncture a constitué le cadre dans lequel a grandi le jeune Gaudí, sur la base de sa découverte empirique de la nature et du monde des adultes, et des conséquences d’une maladie chronique depuis son enfance qui le mèneront à observer la réalité de manière plus attentive, tout en les conjuguant avec son expérience scolaire et les premières étincelles de sa personnalité. C’est alors l’époque de ses amitiés avec ses camarades d’école – Eduard Toda i Güell (1855-1941) et Josep Ribera i Sans (1852-1912) – et de sa participation aux activités culturelles, littéraires et même politiques, ce qui se traduit par la réalisation de modestes décors éphémères pour des représentations de théâtre de séance nocturne, par ses illustrations dans le petit journal manuscrit « sérieux-burlesque » L’Arlequin – duquel sont exposés pour la première fois les seuls exemplaires connus – et par son projet imaginatif et romantique de restauration du monastère de Poblet – avec les documents originaux conservés par Eduard Toda i Güell et qui comprennent un dessin que l’on attribue à Gaudí.
Son œuvre architecturale et artistique
La plus grande partie des documents de Gaudí conservés dans le Musée de Reus font bien entendu référence à son activité d’architecte. En 1868, Antoni Gaudí se rend à Barcelone où il commence ses études supérieures et s’inscrit à la Faculté de Sciences pour préparer son admission à l’École Provinciale d’Architecture. Dès lors commence une période d’études et de travail (1873-1878) qui constituera la base d’une vocation qui, très tôt, atteindra un haut niveau de compétences et de reconnaissance professionnelle (le prix municipal qui lui a été décerné pour ses travaux de la maison Calvet en est la preuve). Au début de ses études universitaires, Gaudí revenait régulièrement à Reus, même si ses déplacements se firent de plus en plus rares dès le début de son activité professionnelle – avant même de terminer ses études proprement dites, dans le bureau du maître d’œuvres Josep Fontserè i Mestre (fils de l’architecte Josep Fontserè i Domènech né à Vinyols) – et, surtout, après la mort de sa mère, Antònia Cornet (1876), et de manière consécutive, après le départ de son père pour Barcelone et la vente de la maison familiale (1878). Ses rapports directs avec Reus auraient pu reprendre plus tard, mais les circonstances empêchèrent la concrétisation d’un projet d’une nouvelle façade pour le Sanctuaire de la Miséricorde dont les travaux devaient être dirigés par Gaudí (1903) et duquel il ne reste que quelques brouillons au crayon. Quoi qu’il en soit, Gaudí resta en contact avec la ville car certains de ses clients les plus importants (comme, par exemple, Mme Roser Segimon ou l’évêque Joan Baptista Grau) et bon nombre de ses collègues et collaborateurs (comme Francesc d’Assís Berenguer, Joan Rubió ou Domènec Sugrañes) étaient également originaires de Reus.
L’héritage d’un génie
Le 7 juin 1926, dans l’après-midi, Gaudí salua l’un de ses ouvriers en lui disant : « Demain, venez tôt, on fera de belles choses ». Ces choses, quelles qu’elles soient, ne deviendront jamais réalité : il fut renversé ce jour-là par un tramway. Son agonie dura 10 jours et ses obsèques auxquelles se rendit le tout Barcelone, eurent lieu le 12 juin, peu avant le 74ème anniversaire de sa naissance. Sa vie fut donc interrompue de manière accidentelle et tragique, mais son œuvre demeure vivante et est de plus en plus admirée. Lors de la création du Musée de Reus, en 1933, un espace avait été réservé pour Gaudí dans la salle consacrée aux principaux artistes et personnages originaires de Reus. La même année eut lieu la cession par l’architecte Domènec Sugrañes des documents et des effets personnels de Gaudí qui font aujourd’hui partie de cette exposition et qui sont pratiquement les seuls conservés jusqu’à nos jours (après l’incendie qui détruisit en 1936 les archives du bureau de la Sagrada Família). Il s’agit de fonds indispensables pour pouvoir analyser la pensée et l’œuvre de cet illustre enfant de Reus, comme l’ont démontré de nombreux travaux publiés par les chercheurs et les biographes de Gaudí qui y ont eu recours et y font une référence toute particulière (à partir de Cèsar Martinell). Il s’agit de l’héritage posthume d’un génie à sa ville natale.
Jaume Massó Carballido
Directeur du Musée d'Archéologie Salvador Vilaseca
Institut Municipal des Musées de Reus
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